27.4.07

Population et Avenir: Nigéria, géopolitique et population du géant africain

Le Nigeria, géopolitique et population du « géant » africain, prospective des migrations climatiques, montagne et peuplement, processus évolutifs dans les territoires français…
La revue Population et Avenir, dirigée par Gérard-François Dumont, vous présente son numéro 682.

Le Nigeria est aussi en période électorale
C’est donc l’occasion de montrer les caractéristiques du pays le plus peuplé d’Afrique, avec ses 250 ethnies et ses diversités religieuses, d’où des rivalités encore exacerbées par les résultats du dernier recensement. Trois graphiques et deux cartes commentées illustrent en détail un dossier complet qui met en évidence de façon inédite la géopolitique des populations du « géant » africain.

Prospective des migrations climatiques
Les modifications climatiques envisagées par nombre d’experts auront des conséquences sur le futur des migrations de population. Une réflexion prospective permet de distinguer trois natures différenciées et, donc, trois logiques migratoires nouvelles.

Territoires de France : des processus évolutifs qui se renforcent
Les évolutions démographiques des territoires français voient se renforcer une para-urbanisation toujours plus lointaine et l’urbanisation du littoral. La mesure de ces phénomènes est mise en évidence par des exemples précis et ses causes sont explicitées.
En revanche, il convient de montrer par des exemples à quel point les évolutions des grandes communes ne donnent pas de résultats clairs, compte tenu notamment des ajustements statistiques tardifs effectués. Quatre tableaux et une figure illustrent l’analyse.

Les raisons de la hausse des naissances en France en 2006
L’examen détaillé de l’évolution démographique de la France permet de mieux préciser les raisons de la hausse des naissances dont les médias ont fait état. Deux tableaux, deux graphiques et une pyramide des âges commentée accompagnent le texte.

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Amérique latine. Les surprises de la démocratie

A l'occasion de la parution de l'ouvrage "Amérique latine. Les surprises de la démocratie ", Amérique latine 2007 (coédition de l'IHEAL et de la Documentation française) paru le 27 avril 2007 la Documentation française et l'Institut des Hautes Etudes d'Amérique latine organisent une table ronde

le 9 mai de 18 heures à 20 heures - amphithéâtre de l'IHEAL.

Yves Saint-Geours animera les débats auxquels participeront les auteurs
suivants:
Georges Couffignal, professeur en sciences politiques à l'IHEAL
Olivier Dabène, professeur en sciences politiques à l'IEP
Bruno Lautier, Chercheur au Centre de Recherche de l’IEDES
et Julie Jourdain.

Contact : Marie-Carmen Macias : mc.macias@univ-paris3.fr

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22.4.07

L'intelligence économique en Russie

L’intelligence économique en Russie

Par Clélia CAPDEVIELLE
La Russie, de par son histoire, possède une forte culture du renseignement qu’il soit gouvernemental (ex KGB et actuel FSB) ou militaire (GRU). L’intelligence économique (IE) dans ce pays puise totalement ses racines dans l’espionnage et ses pratiques. La majorité des responsables de cellules d’intelligence économique des grandes entreprises est issue de ces officines.
http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=731

Voir

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“Avec la Russie de Vladimir Poutine, on a affaire à une démocratie contrôlée ou de façade”

Spécialiste de la Russie, et directrice de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), à Paris, Laure Delcour revient sur les manifestations à Moscou et Saint-Pétersbourg.
Que représente cette opposition contre laquelle Vladimir Poutine a eu la main lourde ce week-end?
Ce qui est remarquable dans la Russie de Poutine, c’est l’effritement puis la disparition de l’opposition qui était apparue dans les années 90 autour de partis politiques comme Labloko. Parallèlement on a assisté à la naissance de coalitions hétéroclites, comme cette Autre Russie qui rassemble des personnages aussi différents que l’ancien champion d’échecs Gary Kasparov et l’écrivain Edouard Limonov (chef du parti national-bolchévique) ainsi que l’ex-premier ministre Mikhaïl Kassianov. Il n’y a donc plus, aujourd’hui, d’opposition structurée autour de partis, mais une opposition éclatée autour d’un mouvement sans unité ni identité.
Est-ce la manifestation de la faiblesse de la démocratie russe?
Oui, et cela montre bien que l’on a affaire en Russie à une démocratie contrôlée ou de façade. La presse russe s’est tout de même étonnée de la violence de la répression de ce week-end.
Que traduit cette violence?
A la fois une irritation et une absence d’expérience du dialogue. C’est quelque chose de profond, qui se rattache à l’absence de tradition démocratique en Russie et de cadres dans lesquels le pouvoir pourrait dialoguer avec l’opposition et la société civile.
Voir l'article

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« Coucher de soleil sur la Havane », Pierre Rigoulot, Flammarion

"Avec l'affaiblissement de Fidel Castro et la possibilité d'un changement de régime, l'intérêt porté à Cuba s'est accru. Sans doute, la disparition du lider maximo, l'un des plus anciens chefs d'Etat du monde, est une nouvelle importante. Castro a été le héros de la guérilla et des luttes révolutionnaires dans le tiers-monde - il a reçu le soutien des plus grands intellectuels du XXe siècle : Jean-Paul Sartre, Norman Mailer ou José Saramago. Ce fut aussi le protagoniste indocile d'un monde bipolaire où deux superpuissances, les Etats-Unis et l'URSS, se disputaient la planète. C'est enfin le symbole de l'isolement de tout un pays, Cuba, et des difficultés de son peuple.

Outre Castro et les souvenirs de révolution joyeuse, d'expéditions lointaines pour étendre les rivages de la révolution de la Bolivie à l'Ethiopie, que va-t-on perdre ? Faut-il se réjouir, maintenant que le soleil se couche sur La Havane, de la fin d'une tyrannie, même héroïque, ou doit-on regretter la disparition de cette voix discordante qui dénonçait encore et toujours un certain ordre international ? Un demi-siècle à tenir tête à l'oncle Sam, voilà qui mérite de s'y attarder et de tirer le bilan de cinquante ans de lutte. "


Pierre Rigoulot est né en 1944. Il dirige l'Institut d'Histoire Sociale, un centre de recherches sur l'histoire du communisme, du socialisme et du syndicalisme. Il a surtout publié des ouvrages sur le monde communiste et le phénomène concentrationnaire comme Des Français au goulag (avec Geoffroi Crunelle) et Siècle des camps avec Joël Kotek). Pierre Rigoulot est également l'auteur de Corée du Nord, Etat voyou (Ed. Buchet Chastel) et L'Antiaméricanisme (Ed. Robert Laffont). Pierre Rigoulot a collaboré au Livre noir du communisme (Ed. Robert Laffont).

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Le siècle de la Chine. Essai sur la nouvelle puissance chinoise. Pascal Lorot, éd. Choiseul

La Chine fascine, la Chine inquiète, la Chine dérange. Magnétisant le reste de la planète, elle s’affirme comme le nouveau pôle de l’économie-monde. Croissance économique irrésistible, capitalisme d’État, montée en puissance militaire, activisme diplomatique, volonté de capter toutes les ressources disponibles : les conditions sont réunies pour en faire le nouvel Eldorado de ce début de siècle.

Puissante, la Chine est aussi plus fragile qu’elle le paraît. Schizophrénie politique, nationalisme sourcilleux, injustices sociales, problèmes démographiques, désastres écologiques, absence cruelle de démocratie : le prix qu’elle paye pour son développement la menace plus que d’hypothétiques ennemis. La Chine représente-elle un danger pour la planète ou d’abord pour elle-même ?

Pascal Lorot explore ici toutes les composantes de la réussite chinoise et de ses faiblesses. Avec une lucidité à la hauteur des enjeux.

Docteur en science politique et en économie,
Pascal LOROT est président de l’Institut Choiseul pour la politique internationale et directeur de la revue Géoéconomie.

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21.4.07

WASHINGTON ET LES ETATS VOYOUS

WASHINGTON ET LES ETATS VOYOUS
sous la dir. de Barthélémy Courmont
Coll. Enjeux stratégiques - Dalloz/Iris - 22 euros

Dans un environnement post-guerre froide, les Etats-Unis se sont rapidement retrouvés orphelins d'un adversaire à leur taille. Après une période euphorique qualifiée de "fin de l'Histoire" ou de "moment multipolaire", Washington a commencé à percevoir de nouvelles menaces.
C'est ainsi que face à un nombre relativement restreint d'Etats aux moyens limités s'est développé le concept d'Etats voyous. En fonction des différentes administrations au pouvoir à la Maison Blanche, se succédèrent des qualificatifs tels qu'"Etats voyous", "Etats préoccupants", ou plus récemment "axe du Mal". Cette dernière appellation avait pour objet de définir une politique pouvant s'appliquer à l'ensemble des régimes jugés hostiles à Washington et s'est traduite par la campagne militaire en Irak. La crise nucléaire nord-coréenne et les problèmes rencontrés dans le domaine nucléaire en Iran. Cette stratégie a montré ses limites, qui remettent en question le concept même d'Etat voyou.
Cet ouvrage propose de dresser un panorama de la relation entre Washington et les Etats voyous, de la définition du concept à sa difficile application. L'intérêt de l'étude est de se pencher, au-delà des régimes considérés aujourd'hui comme nuisibles par les autorités américaines, sur les Etats qui pourrait bientôt rejoindre cette liste, et sur ceux qui ont su, pour des raisons diverses, en sortir.
Cet état des lieux permettra de voir ce qui se dessine "après l'Etat voyou", autant que les lignes de fractures entre les différents régimes qui se placent dans la ligne de mire de Washington.
avec Catherine CROISIER, Charles-Philippe DAVID, Pierre-Olivier DRAI, Olga FILLE-BELOVA, Olivier GUILLARD, Alexandre HUMMEL, Jean-Jacques KOURLIANDSKY, Etienne LEVESQUE, Graciela LOPEZ MARCLAY, Sylvie MATELLY, Barah MIKAÏL, Jean-Philippe RACICOT, Julien TOURREILLE.

EN VENTE EN LIBRAIRIE ou sur www.iris-france.org

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9.4.07

Conseil de perfectionnement du Collège interarmées de défense du 6 avril 2007

Le 6 avril 2007, Pierre Verluise a été une des deux personnalités civiles de l'enseignement de défense invitées à participer au Conseil de perfectionnement du Collège interarmées de défense.

Celui-ci s'est tenu sous la direction du général d'armée aérienne Le Riche, major général des armées.

Géopolitique de la corruption en Russie (1er partie)

Les étudiants de l'ISIT qui suivent le cours sur la Géopolitique des frontières de l'UE27 assuré par P. Verluise ont la possibilité de participer sous la forme d'une revue de la presse étrangère ou d'un exposé. Voici un exemple d'exposé sur la Géopolitique de la corruption en Russie. (3 parties)

Suite à l’élargissement de l’Union Européenne à 25 membres en 2004, la Russie, membre du G8, est à présent aux portes de l’Union compte tenu de sa situation géographique : elle partage ses frontières avec la Finlande, les pays baltes et la Pologne. Elle fait face à une corruption omniprésente et de plus en plus marquée bien que ceci ne soit pas un phénomène nouveau. La corruption correspond à l’abus de pouvoir reçu en délégation (qui peut donc émaner du secteur privé comme du secteur public) à des fins privées. La Russie a continué à reculer dans le classement de l’ONG Transparency International sur la corruption dans le monde, ce fléau étant perçu comme endémique et allant en s’aggravant dans le pays. La Russie arrive en réalité à la 121e place sur un classement de 159 pays en 2006, alors qu’elle occupait la 90e place en 2004. De plus, l’Indice de Perception de la Corruption de la Russie est 2.6 sur 10 (en sachant que plus la note est basse, plus le pays en question est corrompu).

Problématique : existe-t-il aujourd’hui une spécificité de la corruption russe ? Comment y faire face ?
I. Origines de la corruption
A) Un passé soviétique

Pour comprendre l’ampleur du phénomène dans la Russie d’aujourd’hui, il est nécessaire de regarder en arrière pendant la période soviétique. L'organisation politique de l'URSS était définie par le règne d'un seul parti, le Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) et les personnes les plus haut placées au sein du parti faisaient parti de la Nomenklatura russe. Ils bénéficiaient de privilèges et avaient accès à des services interdits au commun des mortels.
La société soviétique était en fait déjà profondément corrompue. Les fonctionnaires abusaient de leur pouvoir et géraient la rareté des biens de consommation afin de garder le contrôle sur les individus et les relations de clientélisme se traduisaient plus par du troc que par échange monétaire.
Pendant la période Brejnévienne entre 1964 et 1982, les fonctionnaires ne sont plus contrôlés d’une main de fer comme ils l’étaient sous Staline, ce qui leur laisse une marge de manœuvre encore plus importante : les réseaux se sont développés à tous les niveaux et dans toutes les provinces de L’URSS. Les dirigeants au Kremlin entretenaient certains réseaux de clientèle ; les plus grosses affaires comme le détournement du coton en Asie centrale remontaient toutes jusqu’à Moscou impliquant les plus hauts responsables de PCUS et de l’Etat.
Cependant l’absence de propriété privée limitait sérieusement les possibilités d’enrichissement personnel (il ne servait à rien d’accumuler des roubles avec lesquels on ne pouvait rien acheter et qu’on ne pouvait pas placer sur comptes rémunérés). Cette situation a donné à la corruption russe un trait particulier qui marque jusqu’à ce jour les mentalités en Russie : l’important n’est pas d’accumuler de biens mais de protéger la place qu’on occupe et d’en exclure les autres, le pouvoir des Hommes de l’appareil se mesure en pouvoir sur les gens. Et le passage à une économie de marché n’a fait que renforcer cette corruption déjà présente.

B) La transition vers une économie de marché

Le contexte de sortie du soviétisme a été favorable au développement de la corruption, il est faux de dire que le passage à une économie de marché est la cause de la corruption. Le clientélisme, le détournement de biens publics et l’abus de pouvoir étaient déjà bien installés en URSS. C’est la façon dont les acteurs introduisent les changements qui détermine l’évolution vers plus ou moins de corruption.
A l’époque soviétique la hiérarchie du parti communiste organisait la corruption et la contrôlait. La chute de l’URSS a fait disparaître les contraintes majeures qui empêchaient l’acquisition de rentes par les chefs d’entreprise d’Etat et autres fonctionnaires. L’effondrement du système soviétique s’est accompagné de la fin du monopole de la propriété d’Etat donnant lieu à de véritables batailles pour la répartition du pouvoir et des richesses.
La corruption a pris une ampleur monétaire inconnue à l’époque soviétique, jamais en URSS on n’avait vu d’argent liquide en si grandes quantités. L’argent est devenu roi et la corruption monétaire s’est ajoutée au système de privilèges de la Nomenklatura soviétique.
Malgré ces bouleversements économiques, les élites politiques et administratives n’ont pas été remplacées. Cette continuité des élites est un facteur essentiel pour comprendre la facilité avec laquelle les changements ont eu lieu et comment les apparatchiks d’hier (=membres éminents de l'appareil d'État) sont devenus les fonctionnaires et les chefs d’entreprise enrichis de la Russie actuelle.
Le passé soviétique est particulièrement significatif pour 3 aspects du clientélisme et de la corruption d’aujourd’hui :
• les administrations ont assez de pouvoir pour obliger les acteurs économiques à se soumettre à leurs lourdes procédures
• L’économie parallèle est très importante il demeure de véritables zones grises d’activité qui ne sont ni tt à fait légales ni tt à fait illégales
• Il existe une interconnexion forte entre élites politiques ou publiques et élites économiques : ces différents mondes ne sont pas dissociés.

Cet héritage du régime soviétique et la transition mal encadrée vers une économie de marché expliquent donc en grande partie les formes que prend la corruption dans la Russie actuelle.

Cyril LAUMONIER
Matthieu MESSANT
Céline ROUAUD
Héloïse ROUQUETTE
Dieynaba SY

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Géopolitique de la corruption en Russie (2e partie)

II. La corruption en Russie, un phénomène systémique

La corruption en Russie est actuellement en pleine recrudescence et nous sommes aujourd’hui face à une société qui se cleptocratise. Le phénomène des trois C c’est à dire corruption, criminalisation et cleptocratie est au cœur de la période historique actuelle. On peut dés lors parler de corruption systémique dans la mesure ou celle-ci est omniprésente et a remplacé l’ancien système, jouant ainsi un rôle compensateur. L’expansion des trois C allant en effet de pair avec l’effondrement de l’Etat, l’absence de marché et de société civile digne de ce nom. La corruption forme en Russie un système structurel précis qui gangrène toute la société russe et bloque ainsi les autres formes de développement.
La corruption étant devenue pour ainsi dire quasiment une règle du jeu dans le fonctionnement et l’organisation de la vie politique, institutionnelle, économique et sociale, il s’agit d’étudier comment celle-ci s’organise et se diffuse au sein de la société russe, d’en comprendre les mécanismes et les enjeux qu’elle recouvre.

Il faut tout d’abord souligner le fait que la corruption s’est instillée au sein de la société russe il y a bien longtemps et que le réseau qu’elle représente aujourd’hui s’est amplifié et est devenu considérable. Toutes le strates de la société russe allant des hauts dirigeants politiques aux simples paysans ou citoyens en passant par les fonctionnaires ont été mêlés au moins une fois dans leur vie à une affaire de corruption.

Il existe plusieurs formes de corruption dont deux principales : la corruption dite « majeure » qui concerne des sommes considérables et implique en général des dirigeants des secteurs publics et privés et la corruption dite « mineure » qui suppose le versement de petites sommes, souvent des paiements de facilitation ou ce qu’il convient d’appeler « frais d’utilisation » : ce sont de petites sommes versées à des fonctionnaires de rang inférieur en vue de hâter l’exécution d’un acte faisant partie de leurs fonctions officielles, notamment la délivrance d’une licence, d’un permis, le dédouanement de biens… La corruption dite « mineure » ou corruption à la base est dangereuse car elle ouvre la voie à la corruption dite « majeure » ou verticale. Elle concerne tous les domaines où le simple citoyen est confronté à la puissance publique et ceux où l’Etat estime nécessaire d’intervenir, c'est-à-dire le logement et les services communaux, le fisc et les douanes et les services répressifs, notamment la police. En 1993 24% des russes estimaient qu’on pouvait acheter la police quel que soit le délit commis contre 35% en 1996. Il est ici intéressant de voir que les principes moraux des russes sont assez différents des nôtres. C’est en effet que la corruption est une partie intégrante de leur vie, et en tant que pratique quotidienne, elle a été admise ; par ailleurs, si les russes la condamnent unanimement du point de vue de la morale ils s’accordent en même temps sur le fait qu’elle est devenue une façon de survivre pour certains et pour d’autres le moyens de résoudre leurs problèmes vitaux. Le recours aux pots de vin (argent versé en échange d’un avantage) est devenu le quotidien de la quasi-totalité des citoyens russes et ceux qui en pâtissent le plus sont les populations les plus pauvres.

De plus, il y a un véritable problème d’éthique de la fonction publique. Les magistrats et fonctionnaires estiment que travailler dans l’administration est intéressant parce que cela permet d’obtenir des privilèges permettant de satisfaire des intérêts privés. A titre d’exemple, 15% des fonctionnaires occupant des emplois supérieurs dans la grille hiérarchique seulement estiment qu’il est important d’avoir des principes, d’être honnête et incorruptible dans l’exercice de leur fonction, contre 15,6% chez ceux occupant des emplois principaux, 18 ,3% des emplois de direction et 13,5% des emplois qualifiés. La dévalorisation des normes morales constitue deux principales menaces pour la société : cela a tout d’abord un effet déstructurant tant sur le monde des affaires et du droit que sur la société mais cela nuit à la compétence de l’appareil d’Etat dont toutes les valeurs morales peuvent alors être mises en doute.

Le système judiciaire russe se trouve précisément au cœur du problème : alors que les phénomènes de détournement de fonds augmentent, le nombre d’affaires jugées a diminué. On compte une condamnation pour onze délits enregistrés, une condamnation pour 15 abus de pouvoir, pour 13 détournements de fonds et pour 5 affaires de pots de vin. Entre les pratiques de la corruption et leur recensement dans la statistique officielle, entre les faits constatés et les condamnations, il y a tout un monde. D’autant plus que l’appareil judiciaire protège les hauts dirigeants et que certaines personnes sont donc inatteignables.

Et si les organes politiques et le gouvernement condamnent la corruption, ce n’est qu’une façade car ils se basent sur ce principe même a fin de mener à bien leurs actions et servir leurs propres intérêts : financements illicites, élimination de candidats gênants ou de l’opposition, influence de groupes de pression et autres lobbies sont en effet monnaie courante.

La Russie semble aujourd’hui face à un défi colossal à relever à savoir la lutte contre la corruption qui impliquerait une réforme de la société et des institutions. Comment alors peut-on envisager d’enrayer un tel phénomène ?

Cyril LAUMONIER
Matthieu MESSANT
Céline ROUAUD
Héloïse ROUQUETTE
Dieynaba SY

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Géopolitique de la corruption en Russie (3e partie)

III. Les solutions pour enrayer la corruption en Russie

A) Des initiatives russes

- Forum civique contre la corruption : montre la volonté des citoyens russes de s’impliquer dans la lutte contre la corruption. Situé à Novossibirsk (troisième plus grande agglomération de Russie : 1 425 600 habitants). Nombreuses actions auprès de la population : campagne d’information, sensibilisation et mobilisation des citoyens, organisation de tables rondes (rôle des médias, place de l’Etat dans la régulation de l’économie, etc.), sondages d’opinion, conseils juridiques appelle à faire pression sur les autorités locales et régionales (initiative financée par l’Agence pour le développement international (AID) des Etats-Unis !)
- 1992 : président Boris Eltsine créa l’Inspection générale du Kremlin : première de nombreuses campagnes pour venir à bout de la corruption des dirigeants. A sa tête : Iouri Boldyrev A travaillé avec zèle et efficacité : plusieurs escroqueries mises en lumière : dans les services du Maire de Moscou, au Comité d’Etat aux privatisation, dans l’armée. Boris Eltsine le renvoya : avait en tête qu’on s’attaque non pas à ses proches mais à ses ennemis politiques la lutte contre la corruption = arme politique
Mais Boldyrev continue son combat : problème : le pouvoir des médias. Les affaires qu’il révèle passent presque inaperçues en Russie (ex : 1996 : Chambre des compte découvrit que 4,4 milliards de dollars en fonds d’Etat destinés à reconstruire la Tchétchénie avait été canalisés, par l’intermédiaire de certaines banques agréés, jusque dans les poches de hauts fonctionnaires or, médias contrôlés majoritairement par des banques et des organisations commerciales étroitement liées aux personnages que Boldyrev démasque)
- tout récemment : projet de lutte contre la corruption mis en place par le ministre du Développement économique : cours de déontologie et de structure anti-corruption pour les fonctionnaires + installation de systèmes de vidéosurveillance + réseau d’informateurs parmi les fonctionnaires sera créé : Russes encouragés à appeler un numéro vert pour dénoncer les cas de corruption

B) Des initiatives européennes
Février 2007 : Russie devient le 44e membre du Groupe d’Etats contre la corruption (GRECO), accord partiel élargi créé en 1999, qui comprend désormais la quasi-totalité des États membres du Conseil de l'Europe, ainsi que la République du Monténégro et les Etats-Unis. Une équipe d'évaluation se rendra à Moscou courant 2007 en vue d'aborder les questions de la corruption dans l'administration publique, des autorités responsables des enquêtes et poursuites en matière de corruption, de l'immunité vis-à-vis des poursuites dont peuvent jouir certains titulaires de fonctions publiques, des mécanismes visant à prévenir l'utilisation de personnes morales pour faire écran à la corruption, et de la confiscation des profits réalisés par les auteurs de délits de corruption.
A noter que la Russie avait également signé en mars 2006 la convention des Nations unies contre la corruption ainsi que la Convention pénale du Conseil de l'Europe contre la corruption en juillet 2006.
C) Limites de la lutte contre la corruption

Les normes législatives de la Russie comportent de nombreuses lacunes pour lutter contre la corruption et ses fonctionnaires jouissent de pouvoirs discrétionnaires qui leur permettent d'agir dans un espace de non droit, par ailleurs la loi russe sur la fonction publique n'a pas de norme pour lutter contre la corruption. Il n'existe pas de loi anti-corruption, ni de loi contrôlant les moyens accumulés de manière illicite. La Russie manque de structures indépendantes pour endiguer la corruption or il n'y a aucune volonté politique d'adopter les critères appliqués ailleurs.

Une loi adoptée en 1995 prévoit d'obliger les agents de l'Etat à déclarer le montant de leur patrimoine chaque année. Elle divise les agents de la fonction publique en 3 catégories : A, B et C; mais ne s'applique pas aux agents de la catégorie A, à savoir les chefs des pouvoirs législatif et exécutif, députés juges et de nombreux hauts fonctionnaires qui échappent à sa juridiction.
Par ailleurs le contrôle du patrimoine ne s'applique que aux fonctionnaires eux-mêmes, alors que la plupart du temps les biens sont au nom des proches du fonctionnaire corrompu.

Nombre de fonctionnaires profitent de leur position afin de s'enrichir par le biais de la concussion et des détournements de fonds, dans un monde des affaires où ces pratiques sont institutionnalisées.
De plus il n'est pas rare de voir un fonctionnaire demissioner pour aller occuper un poste prestigieux et très bien rémunéré dans une grande entreprise du secteur privé.

En 1994 une loi anti-corruption est votée. Adoptée par la chambre basse, elle est rejetée par le conseil de la Fédération dont les sénateurs (dirigeants des Républiques, des territoires et des régions) étaient réticents à subir un contrôle de leurs biens en devant déclarer publiquement leurs revenus et ceux de leur famille.

En Russie la corruption est présente à tous les niveaux aussi bien fédéraux que régionaux et locaux. La duplicité entre pouvoir argent constitue un obstacle majeur à la réforme de la société; et malgré le passage à un nouveau code pénal, entré en vigueur le 1er janvier 1997, on ne note pas de changement radical. En effet ce nouveau code pénal assimile concussion et corruption, et passe sous silence des pratiques telles que le favoritisme ou le fait d'être rémunéré par une entreprise parallèlement à l'exercice d'une fonction dans l'appareil de l'Etat ou encore l'octroi d'avantages fiscaux ou douaniers.
De plus le nouveau code ne prévoit aucune poursuite pour les pratiques de corruption commises à l'étranger et par les actes perpétrés par les hauts dignitaires de l'Etat.


Conclusion

La corruption est donc la résultante d’une conjoncture particulière et c’est en cela qu’elle est spécifique. La société soviétique était déjà profondément corrompue et sa transition ratée parce que mal encadrée vers une économie de marché n’a fait qu’aggraver le phénomène. Avoir recours à la corruption dans la Russie d’aujourd’hui est pratique courante et ceci concerne chaque strate de la société. Des initiatives aussi bien russes qu’européennes ont été prises pour lutter contre la corruption mais elles s’avèrent quasi impuissantes face à ce phénomène profondément ancré dans la société.
La Russie se trouve donc face à un défi colossal et il lui reste un long chemin à faire avant de pouvoir être considérée comme une démocratie par ses voisins européens.

Cyril LAUMONIER
Matthieu MESSANT
Céline ROUAUD
Héloïse ROUQUETTE
Dieynaba SY


Le site de l'ISIT http://www.isit.icp.fr/

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1.4.07

Géopolitique de la France dans le monde, par P. Lorot, Pdt de l'Institut Choiseul

La France et le monde. Un divorce à la française. Par Pascal Lorot, président de l’Institut Choiseul et directeur de la revue Géoéconomie.
La France n’a jamais paru autant en décalage par rapport à un monde qui se développe et s’ouvre rapidement. Au plan diplomatique, le rejet par les Français du projet de Constitution européenne a brisé net un demi-siècle d’engagement européen. L’échec du référendum marque la disparition du dernier axe clair d’une diplomatie hésitante. Le monde multipolaire appelé de ses vœux par Jacques Chirac, dans lequel la concertation entre puissances conduirait à un système international « plus démocratique, plus juste, plus représentatif », est toujours à construire. L’échec américain en Irak, aussi flagrant soit-il, n’a en rien entaché les fondamentaux de la puissance américaine et de ses penchants unilatéralistes.

http://www.diploweb.com/forum/france07043.htm

Géopolitique de l'Inde, par le Recteur Gérard-François Dumont

Inde, esquisse pour une géopolitique des populations du géant du XXIe s. Par le Recteur Gérard-François Dumont

Dans les « Jeux olympiques » des pays les plus peuplés, le XXIe siècle pourrait inverser le classement entre le premier, actuellement la Chine, et le deuxième, actuellement l’Union indienne.

L’étude du géant démographique qu’a toujours été, au moins depuis quelques millénaires, et qu’est toujours le sous-continent indien met en évidence combien peuvent s’exercer des lois de la démographie politique, comme la loi du nombre, la loi des groupes ou la loi du différentiel. Elle souligne combien l’analyse géopolitique ne doit pas, pour être complète, omettre l’importance de l’état et la vie des populations sur les territoires.

http://www.diploweb.com/forum/inde07042.htm

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Actualité du Centre géopolitique: Conseil scientifique, trois nouveaux membres

Le Conseil scientifique du Centre géopolitique - Association loi 1901 qui apporte son soutien au diploweb.com - s'est récemment enrichit de trois membres que nous remercions de l'honneur qu'ils nous font. Il s'agit de:

- Gérard Bossuat, Professeur à l'Université de Cergy-Pontoise;
- Gérard-François Dumont, Recteur. Professeur à l’Université de Paris-Sorbonne.
- Georges Girard, Contre-amiral, Rédacteur en chef de la revue Défense nationale.

Consulter la liste des 17 membres du Conseil scientifique
http://www.diploweb.com/conseilscientifique.htm

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L'Occident, l'Europe face aux nouveaux défis. Par B. d'Aboville, ancien ambassadeur, représentant permanent de la France à l'OTAN

Les cadres dans lesquels nous avons plus ou moins confortablement vécu vont devoir être adaptés. Ce qui pouvait être considéré comme autant d’acquis en termes de réseaux d’influence sur la scène internationale va devoir être repensé, notamment en ce qui concerne notre réseau diplomatique et les modalités d’une action interministérielle à l’international encore trop dispersée. Cela implique que nous conservions aussi un outil militaire adapté aux opérations extérieures.

Il nous faut enfin et surtout conserver la disponibilité intellectuelle et l’ouverture sur les préoccupations et interrogations de nos partenaires : dans la plupart des cas, nous n’agiront plus seuls ni politiquement ni militairement. Cette ouverture sur l’extérieur suppose un débat qui n’est jusqu’ici que balbutiant.
http://www.diploweb.com/forum/ueotan07041.htm

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La Pologne et le communisme: mise au point sur le concept de "collaboration" par A. Viatteau

La Pologne et le communisme: "collaboration" et confusion de concepts. Par Alexandra Viatteau, écrivain

Il est important de faire la différence qui s’impose entre ces sept catégories de « collaboration », qui n’en sont pas toujours. La lustration doit aussi purifier ses intentions et ses motivations pour que la vie politique et sociale soit délivrée de la « bête et du venin » du communisme, comme l’écrivait Vladimir Volkoff. Et les observateurs doivent savoir précisément de quoi ils parlent et dans quel contexte pour apprécier la situation avec justesse.

http://www.diploweb.com/forum/viatteau07044.htm

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Carte des Balkans: l'indice du développement humain, par R. Gimeno

Cartographie
Carte des Balkans: l'indice du développement humain, par Roberto Gimeno

http://www.diploweb.com/cartes/qi23.htm

Cette carte est extraite du n°23 de Questions internationales: Les Balkans et l'Europe (janvier-février 2007)

Quinze ans après l’éclatement de la Yougoslavie, les Etats des Balkans sont aux marches de l’Europe. Après la Slovénie entrée dans l’Union européenne en 2004, la Roumanie et la Bulgarie le 1er janvier 2007, la plupart des Etats de l’ex-Yougoslavie souhaitent à leur tour rejoindre l’Europe. Toutefois, l'indice du développement humain (IDH) souligne que ces pays doivent encore accomplir de nombreuses réformes et prendre la voie du développement pour réussir cette intégration.

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Géopolitique: liens utiles

http://www.centretransatlantique.fr/ Le Centre d'Etudes Transatlantiques est un think-tank spécialisé sur les Etats-Unis et les relations transatlantiques. Outre des publications régulières sur le site, il conduit plusieurs programmes de recherche.

http://www.choiseul-editions.com/ L'Institut Choiseul pour la politique internationale est un centre de débat et un lieu de réflexion consacré aux grands enjeux politiques, stratégiques et économiques internationaux. Il participe à la définition éditoriale de plusieurs revue de référence: Géoéconomie, Monde Chinois, Maghreb-Machrek, Politique Américaine, Nordiques et Problèmes d'Amérique Latine. Il publie des ouvrages consacrés aux questions internationales.

Livres et revues géopolitiques, le diploweb recommande

- VINATIER, Laurent, "Russie: l'impasse tchétchène", préface d'Olivier Roy, Armand Colin, avril 2007, 198 p.
- SOUTOU, Georges-Henri (dir.), "La Pologne et l'Europe. Du partage à l'élargissement,coll. Mondes contemporains, PUPS, mars 2007, 290 p.
- TETART, Frank, "Géopolitique de Kaliningrad: une "île" russe au sein de l'Union européenne élargie, coll. Mondes contemporains, PUPS, mars 2007, 488 p.
- SCHNAPPER, Dominique (et alii), "Identité et mémoire", coll. Penser l'Europe, Culturesfrance, diff. documentation française, mars 2007, 120 p.
- BELY, Lucien, "L'art de la paix en Europe. Naissance de la diplomatie moderne XVIe-XVIIIe siècle, PUF, mars 2007, 736 p.
- CAIRO, Alberto, "Chroniques de Kaboul", PUF, mars 2007, 352 p.
- CAMOUS, Thierry, "Orients-Occidents. 25 siècles de guerres", PUF, mars 2007, 416 p.
- Défense nationale, "50e anniversaire du traité de Rome", mars 2007.
- Fondation Robert Schuman, "L'état de l'Union 2007. Rapport Schuman sur l'Europe", Lignes de Repères, février 2007, 232 p.
- TER MINASSIAN, Taline, "Erevan, la construction d'une capitale à l'époque soviétique", Presses universitaires de Rennes, février 2007.
- Géoéconomie, "La France et le monde. Bilan d'une présidence 1995-2007", n°40, hiver 2006-2007, Choiseul.
- DONAGIS, Carine, "Aux origines de la corruption. Démocratie et délation en Grèce ancienne", PUF, janvier 2007, 232 p.
- Questions internationales, "Les Balkans et l'Europe", n°23, janvier-février 2007, documentation française.
- TERNON, Yves, "Guerres et génocides au XXe siècle", Odile Jacob, janvier 2007, 400 p.
- Politique américaine, "L'Amérique, puissance asiatique", n°6, hiver 2006-2007, Choiseul.
- Géostratégiques, "L'Europe et les crises au Moyen-Orient", janvier 2007, IIES, 88 rue des entrepreneurs, 75015, Paris, France. 01 48 20 14 89.
- DOUTRIAUX, Yves et LEQUESNE, Christian, "Les institutions de l'Union européenne, 6e édition, coll. Réflexe Europe, documentation française, janvier 2007, 191 p.
- Le courrier des pays de l'Est, "Asie centrale. Un enjeu géostratégique", n°1057, documentation française.

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