25.3.06

Revue de la presse italienne, par des étudiants de l'ISIT

Le cours de "Géopolitique du visible et de l'invisible" que P. Verluise assure à l'ISIT aux étudiants de 2eme année comprend cette année deux thèmes: les visages de la guerre et les frontières de l'Europe. Chaque séance se divise en deux parties: un cours et des travaux des étudiants. Ces derniers ont le choix entre un exposé et une revue de la presse en langue étrangère. Ceci afin de valoriser leurs compétences linguistiques. Voici une revue de la presse italienne qui porte sur les trois premières semaines du mois de mars 2006.

Revue de la presse italienne, séance du 20/03/2006

Sources : presse écrite, Internet, revues

Les visages de la guerre

● L’affaire du nucléaire iranien
Le ton est plutôt alarmant dans La Repubblica du vendredi 10/03/06.Nous apprenons le transfert du dossier iranien (auparavant entre les mains de l’AIEA) au Conseil de Sécurité de l’ONU. Le journaliste parle d’une période d’ « anarchie » et du risque que les organisations terroristes n’utilisent des armes atomiques rudimentaires mais néanmoins extrêmement dangereuses. Selon lui, l’actuelle guerre contre le terrorisme est une guerre de civilisations et la recherche d’un compromis convenant à tous est « vaine ». Il conclue en soulignant que l’Iran qui ne cèdera que si les Américains et les Israéliens ne les en empêchent manu militari et insiste sur le fait que l’Iran ne souhaite se doter du nucléaire que pour mieux « remplir les têtes des missiles Shahab afin de menacer l’UE, les USA et Tel Aviv. ».
Le président iranien Ahmadinejad, affirme de son côté que son pays est « fort et invincible » et « ne cédera pas à la pression ». Quant à Washington et Moscou, ils ont trouvé un point d’accord : le Kremlin (qui avait auparavant proposé de transférer toute l’activité nucléaire iranienne en Russie) accepte le déferrement du dossier au Conseil de sécurité de l’ONU mais demande l’annulation de sanction économique et l’exclusion de l’option militaire. Bush s’engage en contrepartie à accepter l’entrée de la Russie dans le WTO (Organisation mondiale du commerce).
Dans l’article du quotidien Il Giornale du samedi 11/03/06 intitulé « Les dissidents iraniens : ces alliés qu’il ne faut pas perdre », outre le don américain de 75 millions de dollars aux groupes de résistance en Iran, le journaliste s’intéresse aux éventuels alliés de l’Occident. Par exemple les nombreux iraniens qui ont quitté le pays pour s’installer ailleurs, surtout en Amérique, Australie et Europe (en Italie notamment) et ce parce que l’Iran est la pays qui a le plus recours à la peine de mort.. L’Occident pourrait aussi compter sur le soutien du Conseil National de la Résistance iranienne, mais l’organisation est ouvertement marxiste et sa branche armée est sur les listes européenne et américaine des organismes terroristes. Malgré la variété des revendications de la part des minorités, le journaliste préconise de miser sur l’opposition à l’intérieur du pays et conseille à l’Europe d’«éviter, par des initiatives erronées, des réactions de type nationaliste qui ne feraient qu’aggraver les choses ».

● L’affaire Beretta, ou le scandale du trafic d’armes en Italie.
Le 8 février 2006, lors des Jeux Olympiques de Turin, un décret avait été adopté par le gouvernement italien, afin d’assurer sécurité des Jeux. Mais au sein même de ce décret, on pouvait trouver un article n’ayant aucun rapport avec le sujet, dans la mesure où il autorise le fait que les fabricants de mitraillettes et de fusils puissent également les réparer et établir des activités commerciales liées à cela.
Ce simple article a suscité de nombreuses polémiques en Italie, puisqu’on soupçonne le gouvernement de Silvio Berlusconi de l’avoir adopté uniquement pour faciliter les opérations douteuses de son ami et allié Ugo Beretta, directeur de la société éponyme, qui est également le fournisseur d’armes officiel de la police italienne.
L’hebdomadaire L’Espresso est ainsi revenu sur une sombre affaire de trafic d’armes menée par la société Beretta, et y a consacré un dossier début mars. On y découvre ainsi que quelques 40.000 pistolets ayant été offerts à la police italienne en 1978 et ayant ensuite été déclarés hors d’usage de par leur ancienneté, ont en fait été revendus clandestinement aux services secrets britanniques et aux forces de l’ordre irakiennes, le tout en opposition totale aux normes européennes pour le commerce d’armes à feu. Mais cet aspect illégal a surtout été renforcé par le fait que bon nombre de ces pistolets revendus clandestinement en Irak a terminé entre les mains de groupes terroristes irakiens, qui s’en servent désormais pour mener leur guérilla.

Les frontières de l’Europe

● Les enjeux de l’immigration en Europe
Ces dernières semaines , la presse italiennes a longuement abordé les enjeux de l’immigration dans les pays membres de l’Union Européenne en mettant l’accent sur les différentes politiques envisagées afin faciliter l’intégration des nouveaux venus .
En Italie , 170 000 nouveaux seront bientôt disponibles pour les immigrés . Le journal La Repubblica du 10 Mars affirme qu’il s’agira d’une vraie course à l’emploi pour les quelques 2 millions d’immigrés qui se préparent déjà à camper devant les bureaux de poste, afin d’être les premiers à envoyer leurs demandes . Les syndicats craignent des désordres et s’inquiètent du peu d’équipement des bureaux de poste pour faire face à une telle situation.
La Repubblica s’est également intéressée au cas de la Hollande où le tiers de la population est immigrée et pourra voter à partir des prochaines élections administratives à condition de résider depuis aux moins cinq ans dans le pays. Malgré cette nouvelle avancée vers une plus grande intégration, l’auteur de l’article constate que la Hollande n’est plus aussi accueillante que dans le passé et que 60% de la population hollandaise avoue avoir peur des immigrés.
Le quotidien Il giornale donne un aperçu plus positif des enjeux de l’immigration en s’intéressant au cas de la ville de Barcelone en Espagne, qui a vu le pourcentage d’immigrés dans sa population augmenter de 2,9% en 2000 à 11,3% aujourd’hui. Selon le journaliste , c’est grâce à une bonne politique urbaine et à la création de très nombreuses associations ayant pour but l’intégration des immigrés à la population espagnole qu’une bonne cohésion sociale est assurée et que les immigrés sont même considérés comme un atout pour la pluriculturalité de la ville .

● L’enjeu énergétique en Europe
Sur le plan de la gestion des énergies en Europe, la presse italienne s’est essentiellement focalisée sur les regroupements d’entreprises énergétiques et les enjeux diplomatiques qu’ils représentent pour l’UE. Au cœur du débat figure l’opposition France-Italie concernant la fusion GDF-Suez. En effet, le 21 février 2006, le groupe français GDF a officialisé son intention d’englober le groupe privé français Suez ce qui a entraîné une protestation du groupe énergétique italien Enel qui a porté immédiatement l’affaire au niveau de la Commission européenne en dénonçant une manœuvre de protectionnisme du gouvernement français allant à l’encontre des règles du marché communautaire.
Un article de l’hebdomadaire Panorama en date du 27 février dénonce l’immobilisme de la Commission Européenne face au problème. Selon le journaliste, les méthodes qui ont été utilisées par le gouvernement français par souci de protectionnisme peuvent être nuisibles aux rapports internes de l’UE et Charles Mc Creevy, le commissaire européen chargé du marché intérieur a défendu la cause italienne en affirmant que « l’intervention de l’état français dans la fusion GDF-Suez respecte la loi mais pas l’esprit du marché » Le journal considère la méthode française comme étant malvenue et met en doute les capacités de l’UE pour faire renoncer la France à son blitz protectionniste.
Toujours dans Panorama le 3 mars 2006, est publiée une interview de Fabrizio Barbaso, directeur général chargé à la gestion des énergies à la Commission européenne qui affirme que l’action de certains états membres est nécessaire pour préserver les frontières énergétiques et sécuritaires de l’UE.
L’hebdomadaire Il Sole 24 Ore se fait l’avocat du diable en interrogeant Jacques Barrot, le commissaire français européen des transports qui s’étonne de la pression exercée par Enel et aurait préféré une collaboration étroite dans l’intérêt européen.
Enfin dans le magazine l’Espresso en date du 9 mars, c’est la vision du problème dur le plan national qui est critiquée. Le magazine accuse les gouvernements italien et français de détruire la cohésion énergétique et sécuritaire européenne en menant une bataille pour les intérêts nationaux et non communautaires. Le dénouement de l’affaire sera en tout cas fixé en avril prochain par la Commission.

● La grippe aviaire en Italie
Le virus de la grippe aviaire s’est déjà manifesté en Italie, avec la contamination de plusieurs cygnes en Sicile, Calabre, et dans les Pouilles. Cela a d’ores et déjà soulevé une dure crise économique dans le pays, avec une chute vertigineuse de 50% des ventes de poulet en quelques jours seulement.
Cependant, la question majeure qui se pose suite à ces différents cas de contamination est celle des conditions de contrôle des marchandises avicoles entrant sur le territoire italien.
Un article de L’Espresso de la semaine du 2 mars 2006 dénonçait en effet « l’urgence sanitaire » italienne, mais surtout le « manque d’hygiène » et les « frontières passoire » du pays. Un dossier établi par des inspecteurs de l’Union Européenne (UE) affirme que les contrôles effectués y sont non seulement insuffisants, mais surtout bâclés et réalisés dans de telles conditions d’hygiène qu’ils pourraient facilement laisser entrer n’importe quelle épidémie sur le territoire italien. De plus, précisons que l’Italie ne transmet généralement pas les résultats des tests effectués sur les produits entrants à l’UE, aussi cette dernière reste-t-elle dans le doute en cas de danger. Des changements radicaux sont donc exigés par l’ensemble de l’UE, sous peine d’en faire pâtir les échanges commerciaux entre l’Italie et les autres pays membres. Bien que le gouvernement italien juge ce rapport trop sévère, il souligne que de nouvelles mesures sont effectivement envisagées pour améliorer la qualité des contrôles.
Mais il faut néanmoins préciser, pour conclure, que les inspecteurs de l’UE ont établi un bilan des contrôles de marchandises dans chacun des pays membres et que tous ces rapports ont été aussi critiques que pour le cas italien. Cependant, aucun n’a révélé de telles faiblesses, sauf au Portugal. Reste maintenant à savoir si le gouvernement italien va respecter ses engagements et remédier à ces failles inquiétantes.

Auteurs : Loïc Chacornac, Elodie Fabrissin, Irène Servant, Roberta Visani
L'ISIT forme en 5 ans des spécialistes dans le domaine des langues étrangères, capables de transmettre dans une langue un message primitivement rédigé dans une autre langue.Ils sont des intermédiaires fiables dans les opérations de communication internationale.

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