27.3.06

Revue de la presse arabophone, par des étudiants de l'ISIT

Le cours de "Géopolitique du visible et de l'invisible" que P. Verluise assure à l'ISIT aux étudiants de 2eme année comprend cette année deux thèmes: les visages de la guerre et les frontières de l'Europe. Chaque séance se divise en deux parties: un cours et des travaux des étudiants. Ces derniers ont le choix entre un exposé et une revue de la presse en langue étrangère. Ceci afin de valoriser leurs compétences linguistiques. Voici une revue de la presse arabophone qui porte sur le mois de mars 2006.

Revue de la presse en langue arabe, présentée le 27 mars 2006.

Médias utilisés : Internet, télévision et presse écrite.

Actualités

· Gouvernements instables
Dans un article de Asharq Al Awsat intitulé « Hamas : un discours contradictoire », l’auteur critique le parti islamiste en mettant en avant une certaine fragilité concernant les méthodes et le discours du Hamas. Le journaliste met en exergue l’instabilité du parti islamiste qui est à la tête du gouvernement palestinien. Il rapporte également que cette situation aura forcément un impact négatif sur la population qui a déjà payé le prix fort de nombreux échecs par le passé.
Quant à l’article intitulé « Hamas : futur leader du Moyen Orient », l’auteur fait référence au rôle primordial que le Hamas jouera au Moyen Orient mais également aux mesures prises par certains pays suite à son élection.
La presse arabe n’a de cesse de souligner l’urgence de la formation d’un gouvernement irakien d’union nationale représentant l’ensemble des confessions musulmanes. Le journaliste de l’hebdomadaire égyptien Al-Ahram nous présente, dans son article intitulé « Au bord du gouffre », une situation de « violences interethniques accrues », à la fois conséquences de la longueur des tractations entre les législatives de décembre dernier et la formation du gouvernement, et causes de cette même longueur. De plus, il indique que la menace d’une guerre civile pèse fortement sur le pays qui connaît de nombreuses « violences interconfessionnelles ». Dans un article du journal qatari Asharq Al Awsat intitulé « Egoïsme politique en Irak », la responsabilité de la lenteur de la mise en place d’un gouvernement en Irak revient très clairement aux hommes politiques irakiens qualifiés d’« égocentriques ». Il explique que le peuple irakien ne « mérite pas » une telle représentation politique.
Dans un article de The Jordan Times du 18 mars 2006, Mr Al Jaafari, premier ministre irakien, déclare que « si les politiciens travaillaient sérieusement » il serait possible de former « un gouvernement d’ici un mois.»

· Les caricatures de Mahomet
Dans la presse arabo-musulmane, on se désole de la situation actuelle. Le rédacteur en chef d’ Al Quds Al Arabi, dans son article daté du 1er mars 2006, déplore les violences mais appelle au boycott, estimant que seule cette attitude sera comprise par des pays occidentaux mercantiles. Pour lui, l’appel au respect de la liberté d’expression totale n’est qu’une hypocrisie dans laquelle se drapent des éditorialistes et dessinateurs racistes. L’auteur ne comprend pas l’irrespect envers les religions et estime que c’est avant tout l’Islam qui est visé. Il déclare que si, en Europe, on est condamné pour des propos révisionnistes sur l’Holocauste et si on ne peut pas accuser quelqu’un sans preuve, pourquoi a-t-on le droit d’insulter les musulmans ? Comment sont fixées les limites de la liberté d’expression en Europe ?
Dans un second article intitulé « la question des caricatures : liberté d’expression ou racisme culturel ? », le journaliste égyptien d’Asharq Al Awsat estime qu’il y a trois éléments centraux dans cette affaire : le fait que la représentation des prophètes n’est pas coutumière (toutefois de tout temps, Sunnites et Chiites les ont représenté à maintes reprises), que les musulmans ne se moquent pas de la religion mais qu’en revanche, l’ironie dans le domaine religieux et le blasphème font partie de la culture européenne et qu’il faut l’accepter. Les caricatures représentent Mahomet sous les traits de la caricature raciste traditionnelle, depuis le 11 septembre 2001, associant musulmans et terroristes. Or, si le blasphème est légal, la stigmatisation d’une communauté en raison de son origine ethnique ou religieuse est interdite. L’auteur demande à ce que si personne ne contredit le droit à une liberté d’expression totale, ce droit s’accompagne d’un sens nécessaire des responsabilités. Il estime que les Occidentaux sont trop frileux face à l’Islam à cause d’un certain complexe colonial et de leur sentiment de culpabilité. Ainsi, la problématique soulignée par les médias occidentaux serait globalement la même : la mise en scène d’une lutte entre l’Occident incarnant les libertés, et un monde musulman, bien souvent assimilé au monde arabo-perse incarnant l’obscurantisme. Le choc des civilisations est bel et bien d’actualité.

· Etats-Unis
Les Etats-Unis font l’objet d’une vive critique dans la presse arabe, et donnent matière à la réflexion pour certains.
Selon les articles des journaux Al-Arham et Dar Al-Hayat, les Etats-Unis ne font que s’enliser « dans le bourbier irakien » sans prendre en compte « le spectre d’une guerre civile qui plane » sur l’Irak. L'un des journalistes souligne dans son article que le président George W. Bush a demandé aux partis irakiens de former un gouvernement « transgressant les divisions « politiques, religieuses et sectaires » et représentant toutes les communautés ». Selon lui, cela semble difficile puisque ce « processus est sérieusement mis à mal » en ce moment. Son confrère, quant à lui, dénonce le fait que les Etats-Unis ne veulent pas reconnaître ce qui se passe en Irak entre les Sunnites et les Chiites.

Les visages de la guerre

· Hamas / Israël
Dans un article de Dar Al-Hayat intitulé « Le Hamas ne reconnaîtra pas Israël », l’auteur fait part de son opinion concernant l’éventuelle reconnaissance de l’Etat d’Israël par le Hamas. Pour le journaliste, malgré la volonté de la part du Hamas de renverser l’Etat d’Israël pour créer une république islamiste, il serait possible d’aboutir à des accords de paix entre les deux entités. En effet, le journaliste rapporte que le problème réside dans le fait que le Hamas soit rejeté par les Etats-Unis comme par Israël. Pour avoir l’espoir d’être reconnu un jour, Israël doit faire des compromis et donner une raison d’être au Hamas.

· Mésinformation, désinformation, information
Un article du journal Asharq Al Awsat, intitulé « Qui est l’autre ? » met en évidence l’intérêt de connaître le monde occidental afin de mieux comprendre le présent au Moyen-Orient. L’Occident a mis du temps à former son identité et continue à le faire. Pour le journaliste il ne faut pas vouloir ressembler à « l’autre » tel « un reflet que nous renvoie le miroir ». Il faut plutôt permettre à l’identité arabe d’évoluer et la laisser libre de « découvrir l’autre ».
Rejoignant cette analyse, un article du même journal, intitulé « La démocratie dans le monde arabe » interroge le lecteur sur les limites de la démocratie vis-à-vis des musulmans. Le journaliste se demande jusqu’où la séparation de l’Etat et des domaines religieux et culturel respecte les individus. Il insiste sur le fait que dans la réalité, l’Etat intervient dans la culture via l’éducation et les médias. Il termine sur les notions de citoyenneté (prédominante en Occident) et de nation, et se demande si les individus musulmans se sentent d’abord musulmans ou citoyens, s’ils définissent la nation comme un territoire délimité dans l’espace ou comme une appartenance à une communauté sans frontières terrestres.

· Terrorisme
Les Etats-Unis ont lancé, mardi 14 mars 2006, leur plus importante offensive aérienne en Irak depuis l’invasion américaine en 2003. L’opération « Swarmer » vient en réponse à la destruction de la « Mosquée d’or » (un des mausolées les plus sacrés du monde chiite) à Samarra, en février dernier, et a pour but de détruire des caches d’armes et d’explosifs au nord-est de la ville (nord de Bagdad). Ces armes appartiendraient à des groupuscules terroristes proches d’Al-Qaida. L’opération consiste donc à empêcher la formation de guérillas disposées à entamer une guerre civile. Dans un article de The Jordan Times, le journaliste souligne que Saddam Hussein a été capturé à Samarra. Il ajoute que les bruits occasionnés par l’opération avaient atteint une puissance considérable selon la population, tandis que les soldats américains assurent n’avoir utilisé ni bombes, ni missiles. Le journaliste continue en déclarant qu’il est impossible de savoir si l’armée a rencontré de la résistance ou non.

· L’Iran
Le 8 mars 2006, une déclaration du président iranien Mahmoud Ahmadinejad a été diffusée sur la chaîne d’information iranienne IRINN dans laquelle il a fait savoir que « le peuple iranien saura faire regretter ses actes à quiconque portera atteinte à ses droits », notamment en matière de nucléaire.
Le 12 mars 2006, le ministre iranien de l’Energie M.Parviz Fattah s’est dit, sur la chaîne de télévision iranienne Iranian TV channel1, fier d’annoncer que l’Iran a la capacité de construire une centrale nucléaire iranienne, et que le pays peut bel et bien compter sur le savoir-faire iranien. Il a également annoncé que la construction d’une nouvelle centrale nucléaire par des experts iraniens commencera dans six mois. Alors bien sûr, l’orientation que prend l’Iran dans sa politique nucléaire inquiète le monde arabe.
Dr.Ahmad Rubei, un ancien ministre koweitien interviewé sur la chaîne koweitienne Al Rai TV, a qualifié de folie la tournure que prennent les évènements. Il a continué en disant qu’une arme nucléaire n’est pas un jeu, et que la logique qui dit que « puisque Israël a une bombe atomique, nous aussi nous devons en avoir une » est totalement fausse.
Dans le quotidien saudien ArabNews, le journaliste Amir Taheri s’intéresse également à la question : dans son article intitulé « L’Iran ne se dirigerait-il pas vers la guerre sans le savoir ? ».Pour lui, la crise fait ressortir deux aspects. Tout d’abord, un aspect moral : il y a un sentiment naissant en Iran, qu’un petit groupe de personnes haut placées aient dissimulé, au peuple et au parlement, beaucoup d’éléments quant au problème du nucléaire. Le second aspect de la crise est politique : en effet, le nouveau budget annuel présenté par le président iranien « ressemble très fortement à un budget de guerre ». Il écrit que, les Américains ont commencé à comprendre « un fait qui leur avait échappé depuis plus d’un quart de siècle : le problème avec l’Iran ne vient pas du comportement du gouvernement, mais bien de la nature de son régime ». Il continue en précisant que l’Iran entre dans une nouvelle phase de confrontation avec la communauté internationale et que sa cote de popularité au niveau national est en train de chuter suite aux zones d’ombre sur la question du nucléaire.
Dans un autre article publié dans le Arab Times koweitien, l’éditeur en chef Ahmed Al-Jarallah nous fait part de son opinion en écrivant que l’Iran, en flirtant avec le danger et en voulant nous ramener aux jours de la Guerre Froide, risque non seulement de remettre sa propre stabilité en cause, mais aussi celle de la région du Golfe, de l’Iraq, et de tout le Moyen Orient. Il déclare que l’Iran n’a pas les moyens de devenir une superpuissance, et que le gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad doit comprendre que les pays du Golfe ne veulent pas d’une « superpuissance » à leurs frontières.

Auteurs : Daria MATTEI, Elena MILESI, S.H., A.M.
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