12.5.07

La présence des Etats-Unis en Asie Centrale, par des étudiants de l'ISIT

Dans le cadre du cours de P. Verluise sur la Géopolitique des frontières de l'UE27, les étudiants de l'ISIT peuvent faire des exposés. Voici un sujet d'actualité.

Introduction
L’Asie Centrale comporte cinq républiques ex-soviétiques, le Kazakhstan, l´Ouzbékistan, le Kirghizstan, le Turkménistan et le Tadjikistan, devenues indépendantes à la suite de l’implosion de l’URSS en 1991. Cette zone enclavée a pour caractéristiques majeures son immensité (11 fois la France) ainsi qu’un découpage territorial conçu pendant l’époque soviétique afin de mettre Moscou en position d’arbitre en cas de conflit entre les entités artificielles créées. La population est peu nombreuse (environ 90 millions d’habitants) généralement de confession musulmane et d`une grande complexité ethnique. Il y avait seulement 1,9 milliards de $ d’investissements directs étrangers en 2005 ce qui représente seulement 0,20 % du total des investissements mondiaux. Ailleurs dans le monde, les flux entrants ont augmenté, alors qu’en Asie centrale ils ont diminué.
Notre problématique est : Quels sont les intérêts des Etats-Unis en Asie Centrale?

I / La présence militaire des Etats-Unis en Asie centrale
Des 1991 les nouvelles républiques centrasiatiques ont signé des accords d’ordres militaires avec les Etats-Unis. Les attentats du 11 septembre 2001 ont permis aux Etats-Unis d’installer des facilités militaires en Ouzbékistan, au Kirghizistan, et au Tadjikistan en vue de traquer le réseau al-Qaida.
• La présence américaine : rupture avec l’antiaméricanisme traditionnel
- Les Etats-Unis utilisent l’aéroport de Bichkek-Manas en Kirghizie pour ses actions militaires vers l’Afghanistan. En Ouzbékistan le pays a reçu la base militaire de Khanabad permettant aux troupes américaines de jouer un rôle majeur dans la campagne contre les talibans. Les USA possèdent également des bases au Tadjikistan.
- En vue d’attaquer l’Afghanistan les américains peuvent utiliser les aptitudes des forces spéciales centrasiatiques (Ouzbeks). Les Américains souhaitent maintenir leur présence militaro-politique dans cette zone charnière pour évincer la Russie très critique sur les décisions unilatérales du président G.W Bush.
• L’appel au départ des troupes américaines
- Le groupe de Shanghai a été créé en 1996 avec la participation de la Chine, de la Russie, du Kazakhstan, du Tadjikistan et de la Kirghizie. En 2000 l’Ouzbékistan a rejoint ce groupe qui devient en 2001 l’Organisation de coopération de Shanghai. Il constitue une alternative à l’OTAN.
- Lors du sommet annuel de l’OCS en juillet 2005, les dirigeants ont signé une déclaration demandant aux Etats-Unis et à l’OTAN de fixer une date butoir pour le démantèlement de leurs bases militaires. Fin juillet le ministre ouzbek des affaires étrangères a donné un ultimatum de 180 jours aux américains pour préparer leur départ des bases arrières utilisées contre l’Afghanistan.
• Le terrorisme est toujours présent :
- Des attentats sanglants sont encore perpétrés malgré la présence des troupes américaines. Pour lutter contre le terrorisme il faudrait étudier les facteurs économiques et sociaux liés aux organisations terroristes. L’OSCE avait mis en place en 1991 des mesures dans le domaine de la stabilité régionale et de l’arbitrage pacifique des conflits. La cour pénale internationale indique que la protection des civils passe par l’humanitaire et non par le conflit armé.
- Les américains combattent les talibans en Afghanistan, mais rien n’est fait contre les groupes islamistes séparatistes parfois indirectement armés par les américains. La campagne militaire américaine a permis de détruire des bases du Mouvement islamique d’Ouzbékistan. Une partie de ce terrorisme est financé par le trafic de drogue.


II / L’enjeu démocratique et politique de la présence des Etats-Unis en Asie Centrale : s’opposer à l’influence de la Russie.
• Des Etats de l’ex-URSS prometteurs mais corrompus
- Après la chute de l’URSS en 1991, les 5 nouveaux Etats représente un enjeu démocratique pour les pays Occidentaux. Ils intègrent l’ONU en 1992. Leur bonne volonté est de bon augure.
- Mais l’indépendance voit arriver à la tête des Etats des chefs corrompus qui font en sorte de rester au pouvoir sous des régimes plus ou moins autoritaires plutôt que d’aider à construire des nations démocratiques respectant les Droits de l’Homme et de combattre le chômage et la misère. En 2005, à l’exception du Tadjikistan, les présidents sont les mêmes qu’à l’indépendance.
• Quelle influence des Etats-Unis en matière de démocratie en Asie Centrale ?
- La présence des Etats-Unis est surtout militaire, mais les ONG américaines contribuent au développement de l’économie de marché et de la démocratie. Mais certains « fléaux sociaux » subsistent.
- La « révolution des tulipes » au Kirghizstan en mars 2005 a été soutenue par les Etats-Unis afin de mettre fin à la dictature d’Askar Akayev et de le remplacer par le pro-occidental Kurmanbek Bakiev.
- En septembre 2006, l’ONU met en place un traité de dénucléarisation de l’Asie Centrale pour y interdire la production, l’acquisition et le déploiement d’armes nucléaires dans la région. Il ne met pas en cause le traité de sécurité collective qui lie les pays d’Asie Centrale à la Russie, et prévoit la possibilité du transit d’armes nucléaires russes dans la région.
• Les intérêts américains menacés par l’influence croissante de la Russie et de la Chine
- L’Organisation de coopération et de Shanghai possède la volonté d’un monde multipolaire opposé à l’hégémonie des Etats-Unis. Elle se fonde sur le rêve russe de former une organisation rivale de l’OTAN et de l’OPEP.
- L’annonce de la demande à ce que les troupes américaines se retirent des pays d’Asie Centrale, surtout en Ouzbékistan montre que la région, à part le Turkménistan qui est un pays neutre, a la volonté de sortir de la zone d’influence des Etats-Unis en faveur de la Conférence de Shanghai.


III / Un atout énergétique
• Des ressources énergétiques intéressantes pour les Etats-Unis
Les deux pays les plus riches en hydrocarbures sont le Kazakhstan et le Turkménistan
- Le Kazakhstan est de loin le pays le plus riche en ressources énergétiques de l’Asie Centrale. Il dispose des plus grosses réserves de pétrole de la région Caspienne. En 2006, sa production a augmenté suite à la découverte d’un nouveau champ d’exploitation off-shore, Kashagan, le plus gros découvert depuis 30 ans.
- Le Turkménistan possède les cinquièmes plus grosses réserves de gaz naturel, mais l’exploitation de ce gaz se partage majoritairement entre la Chine et la Russie.
• Les Etats-Unis veulent renforcer leur présence en Asie Centrale
- En s’impliquant en Asie Centrale, les Etats-Unis essayent en d’être moins dépendant du Moyen-Orient. Pour s’imposer il leur faut lutter contre l’influence de la Chine, de la Russie, et de l’Iran.
- Auparavant, la région ne disposait que des oléoducs et des gazoducs de l’ex-URSS. Les Etats-Unis s’efforcent donc d’encourager la construction de plusieurs pipelines favorisant le commerce d’hydrocarbures de ces pays.
- Exemples de projets soutenus par les Etats-Unis : l’oléoduc Bakou-Tibilissi-Ceyhan (BTC), le pipeline Kazakhstan Twin Pipeline (KTP) ; permettant d’approvisionner l’Europe et les Etats-Unis sans passer par l’Iran ou la Russie.
- Les Etats-Unis espèrent orienter les pays d’Asie Centrale vers Washington, afin d’éviter l’hégémonie de la Russie et de la Chine. Les américains souhaitent éviter toute tendance monopolistique dans cette région en ce qui concerne les ressources énergétiques.
• Cependant cet objectif sera difficile à atteindre
- En effet, la Russie et la Chine, disposent d’un atout majeur, la géographie. Ces deux Etats peuvent plus facilement imposer leur présence en Asie Centrale même si les Etats-Unis exercent une pression politique importante.
- De plus, la Chine a des besoins énergétiques énormes et croissants. Un oléoduc reliant la Chine au Kazakhstan a déjà été inauguré en 2006. Ceci est un problème majeur pour les Etats-Unis, sachant qu’on estime que la production de pétrole du Kazakhstan passera de 1,2 million de barils/jour en 2005 à 3,5 million de barils/jour en 2015.

Conclusion
Pour conclure, la présence accrue des Etats-Unis dans la région centre asiatique, militaire comme politique, est motivée par une volonté de s’opposer à l’influence encore certaine de la Russie sur ses anciennes républiques. En apportant une aide extérieure à la population (grâce au travail des ONG sur le terrain), un soutien politique pour que la démocratie s’impose, et une protection militaire étendue, les Etats-Unis espèrent obtenir la construction d’un pipeline qui ne passerait ni par la Russie, la Chine ou l’Iran afin de profiter des ressources énergétiques de la région.


Cantus Marjolaine, Mense Juergen, Patricio Victor
Philippe Marie Luz, Sergent Marjolaine

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