20.12.06

Géopolitique de l'Union européenne. La situation démographique en Roumanie

Dans le cadre du cours de P. Verluise sur la Géopolitique de l'Europe, à l'ISIT, les étudiants ont la possibilité de faire un exposé. Voici un exposé récent sur la situation démographique en Roumanie, dans la perspective de son adhésion à l'Europe communautaire.

La Roumanie est une république parlementaire dirigée par le président Traian Basescu, élu le 12 décembre 2004. C’est le premier Etat d'Europe centrale et orientale à avoir établi des relations officielles avec la Communauté européenne. Le 22 juin 1995, la Roumanie présente sa candidature formelle à l'adhésion à l'Union européenne. Lors du sommet de Copenhague, en décembre 2002, les dirigeants européens se fixent comme objectif une entrée de la Roumanie dans l'Union à l'horizon 2007. Cette insertion s'annonce difficile - certains domaines étant préoccupants.

Ainsi, nous allons nous intéresser à sa situation démographique, donnée fondamentale quant à sa future insertion dans l’UE. La démographie est l’étude des statistiques de collectivités humaines, et, au niveau quantitatif, l’étude de leurs variations.
En quoi la démographie roumaine est-elle révélatrice du changement politique radical ayant eu lieu dès 1990 ?
Comment la future insertion de la Roumanie dans l’Union européenne peut-elle influer sur la démographie roumaine ?

I. Les changements démographiques depuis 1944

A. Les diverses politiques démographiques

Pendant le communisme :

Suite aux accords passés à Moscou en automne 1944 entre V. Staline et W. Churchill, la Roumanie est tombée dans la sphère d’influence soviétique. A la tête du parti communiste roumain, Gheorghiu Dej fut remplacé par Nicolas Ceausescu (1918-1989) en mars 1965.

N.Ceausescu, devenu président de la République socialiste roumaine en 1974, est désireux d’une nation de 50 millions d’habitants. Pour ce, en 1966, il promulgue le décret 770 interdisant l’avortement aux femmes de moins de 40 ans qui n’ont pas encore conçu 4 enfants.

De plus, il introduit des mesures visant à restreindre les divorces. Il condamne la contraception : le taux de natalité monte en flèche (+ 2 millions de naissances durant sa présidence). Les taux de fécondité n’avaient jamais été aussi élevés.

Il en résulte des pénuries alimentaires, la mort de plus de 11000 femmes, des rationnements draconiens en gaz, électricité…Le niveau de vie chute considérablement, laissant place à une crise morale, sociale et économique. Aujourd’hui, cela se ressent encore.

Son prédécesseur avait entamé une politique d’urbanisation massive, de nationalisation des entreprises, d’industrialisation ainsi qu’une collectivisation des campagnes. Mais N. Ceausescu avait un projet de plus grande ampleur : la « systématisation du système ». Il ne voulait ni ville, ni campagne, ni maison individuelle. Il voulait regrouper la population roumaine dans 600 « agro-villes ». Ainsi, il prévoyait de détruire les villes en commençant par Bucarest, ce qui entraîna des irrégularités quant aux variations de la population urbaine ou rurale.

Après la chute du communisme :

1989 marque un profond changement en Roumanie : 9 novembre, chute du mur de Berlin ; 24 novembre, renversement du pouvoir ; en décembre, jugement et exécution de N. Ceausescu. Ces événements sont suivis de près par la chute de l’URSS en 1991. La Roumanie, connaît alors une sévère crise économique et sanitaire. Le chômage, inconnu jusqu’alors, se développe, ainsi que les inégalités sociales (en 2000, 20% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage). A cela, s’ajoute l’affaiblissement de la protection sociale. Ainsi, les incertitudes concernant les perspectives d’avenir voient le jour, et on constate une baisse du nombre de mariages.

D’autre part, le décret 770 est abrogé. Une politique très libérale d’avortements est mise en place dès la chute du pouvoir. Les moyens de contraception font leur apparition. Cela se traduit par une chute de la fécondité (baisse de 8% au début des années 1990), des naissances (-37% entre 1989 et 1999) et une augmentation du nombre d’avortements (+35% entre 1989 et 1999). Cependant, il subsiste le problème de la contraception qui coûte plus cher qu’un avortement ; conséquence: plus d’un avortement pour mille naissances vivantes.


B. Les chiffres actuels de la Roumanie

La Roumanie compte 22 millions d’habitants au total.

Ethnies et religions :

La population roumaine est composée de nombreuses ethnies : en effet, 90% de la population est d’origine roumaine, tandis que les 10% restants se répartissent en différentes minorités. Les principales minorités sont les Hongrois (6,6%), Tsiganes (2,5% déclarés), Ukrainiens (0,3%), Allemands (0,3%), On compte aussi quelques milliers de Russes, Turcs, Tatars, Serbes, Slovaques, Bulgares, Croates et Grecs.
86,6% des Roumains sont orthodoxes ; 5,6% catholiques ; 3,7% protestants et 0,3% musulmans.

Urbanisation :

45% des Roumains vivent en zone rurale, contre 55% en zone urbaine. La population roumaine est donc encore très rurale.

Croissance démographique et tranches d’âge :

Depuis les années 1990, le taux de croissance démographique roumain est négatif (-0,11% ), ce qui signifie que la population diminue. On peut associer à ce phénomène plusieurs causes : tout d’abord, le solde migratoire est lui-aussi négatif (-0,6% ), traduisant une forte émigration. De plus, l’indice de fécondité est de 1, 35 enfant par femme (le plus bas de toute l’histoire de la Roumanie). La mortalité infantile est élevée (16,8% ), et chaque année, de plus en plus d’avortements sont pratiqués.

Malgré cette diminution des naissances, la population reste jeune : environ un Roumain sur cinq a moins de 15 ans, et 70% ont moins de 50 ans, pour seulement 15% de plus de 65 ans. L’âge médian du peuple roumain est de 36 ans.

Enfin, l’espérance de vie à la naissance est de 71 ans (68 pour les hommes ; 75 pour les femmes).

II. Comparaison avec l’UE et tendances futures

A. Comparaison avec l’Union européenne

On observe une démographie marquée par une faible fécondité en Roumanie, et par un taux de mortalité infantile toujours élevé. De plus, 70% de sa population a moins de 50 ans, du fait de la politique communiste ayant promu et accéléré l'explosion démographique. Les dix derniers pays intégrés ainsi que la Roumanie, la Bulgarie et la Turquie représentent 45% de la population de l'UE15 et pourtant seulement 7% de son PIB.

Il est également important de préciser que seulement 10% de la population roumaine a accès à l'éducation supérieure, ce qui révèle bien l'écart du niveau de vie avec l'Union européenne.
Ainsi, certaines des données de ces tableaux font ressurgir des problèmes révélateurs des failles et des complications en relation avec l'entrée de la Roumanie dans l'Union européenne. En effet, la Roumanie a une balance commerciale déficitaire et un faible PIB, bien que l'UE ait mis en place une politique économique faisant ainsi d'elle le premier partenaire commercial au niveau des importations du pays en 2 000. De plus, la Roumanie détient un accroissement net négatif quant à sa population, en opposition à celui de l'UE. Ces tableaux révèlent de ce fait des problèmes à résoudre rapidement pour pouvoir intégrer au mieux la Roumanie dans l'Union européenne dès février 2 007.

B. Prévisions d’ici 2030 et perspectives d’avenir

On peut se demander ce qu’il en sera de la démographie de ce pays dans les années à venir, et si son entrée dans l’Union européenne peut changer les tendances actuellement conformes à celles des pays d’Europe centrale. Certaines tendances, déjà « lourdes » risquent de « plomber » la démographie roumaine. Les Roumains, qui étaient 22,7 millions en 1995, ne devraient être que 19 millions en 2030, et 17 millions en 2050. D’autre part, le taux de fertilité des femmes est actuellement un des plus bas d’Europe, à savoir 1,35 enfants par femme. Le renouvellement de la population n’est pas assuré (le seuil de renouvellement dans les pays développés est de 2,1 enfants par femme). Ce fait est d’autant plus accentué par l’âge moyen des femmes pour leur 1e enfant : il était de 26,2 en 2003, et les prévisions laissent envisager qu’elles auront en moyenne 30 ans pour leur 1e enfant. Donc une moindre capacité à faire plus d’enfants.

Néanmoins, on peut envisager une stabilisation des données démographiques grâce à certains éléments : le taux de mortalité infantile diminue (16,8% ), même s’il est actuellement le plus élevé d’Europe, il décroît très rapidement et devrait s’établir autour de 8 à 9% dans les années 2030. Ensuite, l’espérance de vie s’accroît : celle des hommes est aujourd’hui à 67,7 ans, mais atteindra 74 ans en 2050, et 80 ans pour les femmes. Heureusement, une politique familiale a été mise en place pour favoriser les naissances en octroyant un congé maternité.
Malgré toutes ces prévisions optimistes, les incertitudes demeurent : le déséquilibre homme/femme et le vieillissement de la population risquent d’être conséquents : en 2030, les plus de 65 ans seront 6 millions, soit près de 30% de la population.
La natalité, déjà basse, risque de diminuer encore et d’aggraver la situation économique (faiblesse de la population active à venir).

Conclusion

Depuis le siècle dernier, la Roumanie a subi le régime de Ceausescu, et va « apprendre » l’Union européenne. La démographie actuelle en Roumanie est une des conséquences du régime de Ceausescu, avec tous les problèmes actuels que cela implique : problèmes concernant le niveau de vie, la politique familiale, la répartition de la population...

Finalement, la Roumanie devrait suivre l’évolution des pays d’Europe centrale et connaître une régression de population. Son entrée est imminente, et pourtant on ne sait pas encore mesurer l’incidence qu’aura l’entrée de la Roumanie dans l’UE, car elle a encore beaucoup d’efforts à fournir pour rattraper son retard, dans bien d’autres domaines.
Les Roumains choisiront-ils de travailler dans leur pays ou de continuer à émigrer vers des Etats de l’UE aux salaires plus élevés dès qu’il y aura liberté d’installation ?
La politique agricole commune stabilisera-t-elle le monde rural ou va-t-elle se traduire par une rationalisation des exploitations et un exode agricole ?

DEPOMMIER Célia
LAGEDAMOND Sophie
LORIN Charlène
MARTIN Elise

Bibliographie
Site de l’INED : http://www.ined.fr/
Site d’Eurostat : http://epp.eurostat.ec.europa.eu

Découvrir le site de l’ISIT : www.isit.icp.fr

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