Géopolitique: l’Union européenne dans la presse asiatique anglophone
Dans le cadre du cours sur la Géopolitique de l'Europe dispensé par P. Verluise à l'ISIT, les étudiants ont la possibilité de faire une revue de la presse étrangère. Ceci afin de valoriser leurs compétences linguistiques tout en s'ouvrant à la diversité des représentations.
Cette revue de presse se propose d’étudier l’intégration des populations immigrées en Union européenne d’après les descriptions qui en sont faites dans la presse asiatique anglophone.
L’information sur l’Union européenne est rare dans la presse asiatique anglophone, qui privilégie des articles sur les Etats-Unis. Mais pour nous ces détails sont primordiaux: l’image que l’on renvoie aux Etats étrangers a une grande importance stratégique.
Comment donc les médias asiatiques perçoivent-ils le fonctionnement de l’intégration des populations étrangères dans l’Union européenne ?
Nous nous intéresserons successivement aux problèmes du voile au Royaume-Uni, au souvenir des émeutes dans les cités en France, à l’accueil des étudiants indiens dans l’UE et à sa gestion de la menace terroriste. Autant que possible, nous avons choisi de piocher une partie de la réponse dans la presse d’un pays pour lequel le problème se posait de la manière la plus aiguë.
Articles parus les 26 et 27 octobre sur les sites Channelnewasia.com (Singapour) et The star Online (Malaisie)
Le Premier Ministre français Dominique de Villepin a affirmé au sujet du débat britannique sur la limitation du port du voile, qu’il se voyait ravi que Londres se range à l’opinion que Paris soutient depuis déjà longtemps. Il a rappelé qu’il y a deux ans la France avait été très largement critiquée en Angleterre lorsqu’elle avait banni le foulard musulman et d’autres tenues religieuses de ses écoles privées. Cela avait été considéré comme un fait inacceptable au sein de la sphère publique.
Le débat en Angleterre concerne la limitation du port du voile sur la totalité du visage (c’est ce que l’on appelle le niqab) mais pas sur le foulard. M. de Villepin met ainsi en relief un parallèle dans la façon dont les deux sociétés ont tenté de créer un modèle standard auquel les communautés immigrantes devraient se conformer. Avant l’engagement d’une polémique sur ce débat l’Angleterre avait toujours suivi une politique multiculturelle flexible.
M. de Villepin a annoncé dans sa conférence mensuelle qu’il était content de voir que l’on discutait sérieusement des exigences laïques de la France à l’étranger. Il a ajouté que les personnalités britanniques le réprimandaient souvent à cause de cela en lui demandant pourquoi un pays devrait adopter une loi laïque sur les tenues religieuses à l’école.
Quant à l’ancien ministre britannique des affaires étrangères, Jack Straw, ce dernier a lancé un peu plus tôt ce mois ci le débat en Angleterre en déclarant que les femmes musulmanes qui portaient le niqab rendaient les relations entre les différentes communautés difficiles. Dans ce contexte, le Premier Ministre Tony Blair a qualifié le voile de « signe de séparation ». Dès lors une vaste discussion sur le sujet de l’intégration paraît nécessaire.
Partout ailleurs en Europe, le Premier Ministre italien Romano Prodi a affirmé que le voile ne devrait pas être utilisé pour se cacher, tandis que le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a déclaré dans une interview que les voiles constituaient des entraves à la communication.
Articles parus dans le New Straits Times (Malaisie) le 27 octobre 2006.
Le ministre de l’Intérieur français a ordonné à la police de déclencher le niveau d’alerte maximal dans toutes les zones à risque du pays après l’incendie de plusieurs bus en banlieue, peu avant le premier anniversaire des émeutes. En Seine-Saint-Denis les attaques de bus sont apparues comme les copies conformes de celles de l’année dernière, mais cependant la violence reste moindre.
Un an plus tard, les raisons qui ont mis le feu aux banlieues sont-elles toujours d’actualité ?Le Premier Ministre Dominique de Villepin a défendu les résultats de son gouvernement dans la lutte contre la pauvreté au sein des banlieues à forte proportion d’immigrés. Selon lui « s’il y a un domaine dans lequel le gouvernement a agit avec une détermination sans faille, c’est dans sa politique en faveur des quartiers (défavorisés) ». Comme le dit le Premier Ministre, « bien sûr ces problèmes ne vont pas se résoudre du jour au lendemain.» Le gouvernement s’est donc engagé dans un plan d’action radical et à long terme, dont il commence à voir les premiers résultats.
Quelles mesures sont prises pour que ce schéma ne se répète pas ? « Toutes les forces mobiles ont été déployées afin d’assurer la sécurité des usagers des transports publics », a assuré Nicolas Sarkozy. L’an passé 10 000 voitures avaient été brûlées et 300 bâtiments endommagés en l’espace de seulement trois semaines. Ces incidents avaient fait la une de l’actualité dans le monde entier et ils avaient mis en avant les problèmes français concernant l’intégration des communautés d’origines arabes et africaines.
Article paru le 31 Octobre 2006 dans le quotidien The Times of India
Après les Etats-Unis, l’Australie et la Grande-Bretagne, c’est maintenant l’Union européenne qui cherche à attirer les étudiants indiens. L’UE compte aller plus loin et même offrir des emplois à mi-temps et un système de transfert de crédits à ces étudiants.
Un forum de l’éducation supérieure européenne est organisé à New Delhi, où les étudiants indiens vont pouvoir se renseigner sur les perspectives d’études supérieures, les possibilités d’emplois, les bourses et les systèmes de transfert de crédits dans les pays européens, explique Apoorv Mahendru du Programme d’échanges académiques allemands.
Les pays membres de l’Union européenne visent maintenant les étudiants indiens. Les universités participantes amélioreront l’information sur leurs cursus académiques, avec notamment des procédures et des programmes spéciaux pour accueillir les étudiants. Le forum est un pari qui vise à booster l’internationalisation de l’éducation supérieure et des échanges culturels. Si la mobilité des étudiants augmente, il y aura plus d’échanges culturels et d’interactions.
Actuellement la majorité des étudiants indiens qui vont à l’étranger pour leurs études supérieures choisissent les Etats-Unis suivis, dans l’ordre, du Royaume-Uni et de l’Australie. Récemment, certains étudiants ont montré un vif intérêt pour se rendre dans des pays comme l’Allemagne et la France.
L’Union européenne organisera des forums similaires dans d’autres pays asiatiques afin de promouvoir un réseau d’échanges entre les institutions d’éducation supérieure européennes et celles de ces Etats. Certains pays Européens comme l’Allemagne vont bientôt légiférer pour permettre aux étudiants étrangers de rester dans le pays pour le reste de leurs vies à condition qu’ils trouvent un métier convenable. Cela devrait attirer davantage d’étudiants asiatiques.
Article paru le 26 Octobre 2006 sur le site Channelnewsasia (Singapour)
L’Union européenne a annoncé le lancement d’un projet antiterroriste de grande envergure destiné à s’attaquer au financement du terrorisme, à enquêter sur les causes d’une violente radicalisation et à protéger les infrastructures contre les attaques. Ainsi la Commission européenne a-t-elle débloqué neuf millions d’euros pour combattre le terrorisme cette année et prévoit d’y consacrer plus de vingt millions d’euros par an à partir de 2007.
D’autre part l’Union européenne a entrepris de renforcer les mesures antiterroristes depuis les attentats à la bombe de Madrid en 2004 et de Londres en 2005, notamment en ce qui concerne les vols transatlantiques. Ce projet, comme l’a déclaré Franco Frattini, membre de la Commission européenne, « contribuera à mieux protéger les infrastructures les plus importantes, luttera contre le financement du terrorisme, et tentera d’enrayer une violente radicalisation ».
Une partie de l’argent sera utilisé pour diverses études sur des problèmes touchant aussi bien à la coopération entre les Etats membres qu’à l’amélioration de l’information sur les menaces terroristes auprès de la population. Par ailleurs des discussions sont prévues pour définir le rôle que les imams et les professeurs des écoles peuvent jouer dans la réduction de la menace terroriste. Enfin, des experts se pencheront sur le « modèle suisse » qui permettrait aux enquêteurs de retrouver l’origine des explosifs après leur explosion en utilisant une empreinte chimique.
Ce projet antiterroriste s’inscrit donc dans une volonté de l’Union européenne de former un bloc uni face à cette menace terroriste et de trouver des solutions pour lutter efficacement contre celle-ci.
On constate ainsi que la vision qu’ont les médias asiatiques de l’intégration des populations immigrées dans l’Union européenne est pessimiste. Ceci est particulièrement visible dans les deux premiers articles. Les journalistes adoptent une approche plus nuancée dans les deux derniers: ils y décrivent des politiques et sont dans l’attente de leurs résultats.
En l’état actuel des choses la représentation que se fait l’Asie de l’Union européenne nuit à notre puissance extérieure. Elle devrait néanmoins amener l’Union à s’interroger sur elle-même. La presse asiatique a vu juste. Elle traite de la lutte contre le terrorisme à l’échelle européenne, mais de la laïcité à l’échelle nationale car cette dernière est un des principes sur lequel les Etats européens ne parviennent pas à s’entendre.
Page Gwenaëlle
Roux Céline
Roy Guillemette
Serviat Jessica
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