24.3.07

L’Allemagne, la Russie et l'énergie. Une note de la Fondation R. Schuman

Par Christophe-Alexandre Paillard – Administrateur civil au Ministère de la Défense (délégation aux affaires stratégiques) et maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po). Il est l’auteur de « Quelles stratégies énergétiques pour l’Europe ? », Notes de la Fondation Robert Schuman, n°30, 2006 et a publié « Les défis énergétiques lancés à l’Europe » in L’état de l’Union 2007. Rapport Schuman sur l’Europe (Lignes de repères, 2007).

L’émergence d’une politique énergétique réellement européenne se fait attendre. La coupure d'électricité du 4 novembre 2006 a montré, en manquant de plonger l'Europe dans le noir, que les objectifs d'une Europe efficace sur le plan énergétique n'étaient toujours pas atteints. L’actualité est au contraire dominée par les phénomènes de concentration capitalistique opposant les Etats les uns aux autres au travers de leurs entreprises ou les perspectives de libéralisation des marchés européens de l’énergie au 1er juillet 2007 qui donnent lieu à des débats dans différents pays européens.

L’Allemagne, comme d’autres pays membres de l’Union, est soupçonnée par ses partenaires de développer une stratégie de cavalier seul. Ainsi, la tentative de rachat de l’espagnol ENDESA par le groupe allemand E.ON soulève de nombreuses oppositions dans la péninsule ibérique. L’italien ENEL est d’ailleurs venu au secours d’ENDESA en rachetant 9,99% du capital de cette entreprise le 27 février 2007 pour appuyer le principal actionnaire, le groupe de BTP ACCIONA qui est détenteur de 21% du capital, et garder l’entreprise sous drapeau espagnol.
D’autres projets allemands à l’égard de la Russie sont également loin de faire l’unanimité chez les partenaires européens de l’Allemagne. Le projet de gazoduc nord-européen est celui qui suscite le plus d’oppositions car il est considéré par les pays baltes, la Pologne et les pays scandinaves comme contraire aux intérêts de l’Union européenne. La défiance à l’égard de ce projet a poussé la Pologne à annoncer le 18 janvier 2007 qu’elle négociait avec l’Algérie des livraisons de gaz liquéfié pour diversifier ses sources d'approvisionnement. Ces oppositions sont de plus entachées de soupçons plus stratégiques à l’égard de la Russie. Le 25 octobre 2006, le gouvernement russe a en effet indiqué que la marine russe assurerait la sécurité du chantier. De multiples protestations des pays riverains ont été adressées à l’Allemagne, car ces pays craignent pour leur sécurité militaire, en particulier la Suède.

La Suède et la Pologne ont également indiqué qu’elles refusaient de donner leur accord au projet tant que des études environnementales ne seraient pas menées. Le gazoduc sous-marin, long de quelques 1 200 kilomètres, doit passer par les eaux territoriales suédoise, finlandaise et danoise. Les différents pays traversés craignent des conséquences pour la faune et la flore marines, et les conséquences d'un chantier réalisé au milieu d'une zone où des milliers de tonnes d'armes chimiques ont été déversées après la Seconde Guerre mondiale.

http://www.robert-schuman.org/supplement/questions_europe55.htm

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