12.12.11

La corruption dans l'UE en 2011, P. Verluise

La lutte contre la corruption – un phénomène social majeur - constitue un défi pour le développement économique. Les régions de l'Union européenne éligibles au Fonds de cohésion dans le cadre de l’objectif de Convergence en 2007-2013 se trouvent pour l’essentiel en Europe de l’Est et en Europe du Sud. Il s’agit de sommes considérables qui peuvent représenter 2 à 5% du PIB des pays considérés. De quoi nourrir bien des convoitises. Il se trouve que les pays qui reçoivent le plus de fonds sont aussi ceux qui affichent, sauf exception, les niveaux de corruption les plus inquiétants. Il suffit d’observer le cas grec pour comprendre que la corruption ne favorise ni le développement ni l’équilibre budgétaire. L’organisation non gouvernementale Transparency International vient de publier son indice de perception de la corruption pour 2011, classé de 1 à 10, comme à l’école primaire. La Grèce, entrée voici 30 ans dans l’Europe communautaire, affiche un IPC de 3,4 sur 10, la plaçant au 80e rang mondial, soit au niveau de la Colombie et du Maroc. Une étude (1) de l’évolution des pratiques de 2004 à 2009 a montré que la corruption régresse alors lentement dans les deux tiers des nouveaux Etats membres… mais qu’elle a progressé chez douze des anciens Etats membres, dont la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal. Comme par hasard, il s’agit de pays à la situation budgétaire inquiétante non seulement pour eux-mêmes mais pour l’ensemble de la zone euro, voire l’UE. Or il faut attendre juin 2011 pour entendre la Commission européenne promettre un rapport sur la corruption dans tous les pays membres … à l’horizon 2013. Certains nouveaux Etats membres ont encore beaucoup de chemin pour accéder à la vertu. En 2011, voici quelques IPC inquiétants : Bulgarie 3,3 ; Roumanie 3,6 ; Slovaquie 4 ; Lettonie 4,2 ; République tchèque 4,4 ; Hongrie 4,6 ; Lituanie 4,8. Et n’oublions pas le pays fondateur de la CEE le moins bien classé en matière de corruption, l’Italie : 3,9. Ce qui conduit à évoquer une observation faite par des experts anti-mafia rencontrés récemment en Italie à l’occasion d’un colloque organisé à Florence par la fondation Antonino Caponnetto. Pour ces experts, la crise économique et sociale présente est une période en or pour la criminalité organisée. Premièrement parce que le chômage croissant facilite plus que jamais le recrutement. Deuxièmement parce que la crise fragilise considérablement les entreprises, ce qui permet à la mafia de faire des acquisitions à bas prix afin de blanchir de l’argent sale. Les importantes capacités financières du crime organisé lui permettent d’investir rapidement beaucoup d’argent, asséchant la concurrence pour mettre à court terme l’entreprise sur laquelle il a misé en position de force. (1) P. Verluise, La corruption reste un défi pour l’UE-27. Une étude multiscalaire et dynamique. Actualités européennes, IRIS, n°33, avril 2010, 9 pages.

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