La crise aux Etats-Unis, par Eléonore Picciotto
Etudiante en Communication à Boston University depuis près de deux ans, j’ai comme beaucoup d’autres depuis le mois de septembre 2008 entendu le mot “Crisis” comme jamais auparavant. En effet, trois mots clés sont à retenir de cette dernière année aux Etats-Unis : AIG, Bernard Madoff et Crise Economique.
Malgré la fréquence de leur emploi, ces mots n’ont pas ou peu eu d’impact sur la vie quotidienne étudiante. La crise financière n’est ressentie qu’en lisant la presse, à la télévision, ou lors de conversations diverses et variées. Ce n’est pourtant pas en prenant le métro ou en faisant ses courses que l’on prend conscience de l’état de crise dans laquelle notre société vit.
En revanche ce qui est inhabituel pour le consommateur ce sont les nombreuses promotions qui lui sont offertes. Il y a encore quelques semaines, la compagnie aérienne JetBlue offrait à un tarif de 12 $ - one way, ( 22 $ TTC) pour des billets Boston- New York dans un sens ou dans l’autre, lorsque l’on est habitué a un tarif moyen de 98$ TTC. « Je devais en prendre deux, pour ma petite amie et moi, » explique Josh Di Frances, chercheur au MIT. « Je n’ai pas pour habitude de m’organiser des week-ends dans la Grande Pomme sans raisons valables, mais la j’étais obligé.» Ainsi, l’envie de voyager grandit, tout comme l’envie de dépenser.
Newbury Street située en plein coeur de Boston, est une des rues les plus renommées pour faire son shopping vestimentaire. On y trouve sur 800 mètres près de 60 boutiques qui durant toute l’année qui a précédé offraient promotions sur promotions, destokage massif, pré soldes, ou simples soldes. Ce qui semble être une bonne nouvelle pour le client en est une mauvaise pour le commerçant car en temps de crise, leur problème majeur c’est trop de stock pour peu d’acheteurs. Comme Boston est une ville principalement étudiante, où environ 72 universités se situent en plein centre ville ou proches en périphéries. Le nombre d’étudiants est ainsi conséquent. Par exemple, 42 000 jeunes adultes sont sur le campus de Boston University. Tous ne dépensent pas leur argent de poche pour faire des emplettes même si tout est fait pour pousser les gens a consommer.
La “tuition” annuelle moyenne, qui représente le montant que chaque étudiant doit débourser pour ses études dans une université américaine, approche les 40 000 dollars. Cette somme astronomique l’est encore plus en temps de récession surtout quand on sait qu’un Bachelor Degree (Premier diplôme universitaire) s’obtient en quatre ans. C’est avec étonnement que j’ai découvert les chiffres de demandes d’inscription pour l’année 2009-2010 à Boston University. Malgré la crise, 39 000 demandes pour 8000 places ont été soumises, contre 33 000 l’année précédente, et 31 000 celle d’avant. La mentalité américaine fait que, même en temps de crise le seul argent à investir doit être dans le domaine des études pour aboutir à l’obtention d’un diplôme. Malgré leur combat pour garder un toit sur leur tête, les parents sont prêts à emprunter même à s’endetter pour donner une chance d’avenir à leurs enfants. Tous les jours, des reportages sont menés afin de rendre compte du malheur de certains etatsuniens. Malheureusement, aussi bien dans l’état du Massachusetts que du Connecticut ou de New York, sur la devanture des maisons, poussent jour après jour des panneaux immobiliers telle une mauvaise herbe contre laquelle on ne peut lutter, où s’inscrivent les mots « A vendre ou à louer, » sur les pelouses de ces propriétés lorsque le terrain n’a pas déjà été saisi.
En tant qu’étudiant, il est difficile de se rendre compte de la difficulté dans laquelle certains sont. Malgré toutes les histoires que l’on peut entendre, les reportages que l’on peut voir, ou les chiffres que l’on peut lire, l’étudiant mange, boit et dort sur ses deux oreilles. Il dépense moins d’argent ou dans tous les cas fait plus attention, et agit de façon plus réfléchie. Minh Pham Dat étudiant a Boston University explique que ses dépenses mensuelles sont passées de 500 a 200 $. « Par exemple, je prends le T (métro bostonien) au lieu de louer une voiture. Je commande mes livres sur Amazon plutot que d’aller a la librairie locale. Et maintenant je prefere organiser des soirées chez moi plutot que de sortir en boite ou dans un bar. »
En temps de crise, étudiant ou non les besoins comme les attentes sont différents.
Les mentalités évoluent et permettent de rappeler a quelques-uns que tout n’est pas dû. Beaucoup peut disparaître en un rien de temps.
Copyright E. Piocciotto
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